Le secteur de l’IT connaît une croissance fulgurante, avec une progression de l’emploi 2,4 fois plus rapide que dans d’autres secteurs. Pourtant, il reste largement fermé aux travailleurs handicapés. Cette situation soulève des questions d’éthique et nécessite des actions immédiates pour rendre ce domaine plus inclusif.
En France, l’emploi dans le numérique progresse 2,4 fois plus vite que dans les autres secteurs, selon Pôle emploi . D’ici à 2027, on estime que 230 000 postes seront à pourvoir dans ce domaine . Pourtant, les personnes handicapées restent largement sous-représentées dans ce secteur en plein essor. Actuellement, elles représentent moins de 5% de l’ensemble des employés de l’IT . Un chiffre alarmant quand on sait que 500 000 demandeurs d’emploi sont en situation de handicap, subissant un taux de chômage deux fois plus élevé que celui de la population générale.
L’inclusion des personnes handicapées dans l’IT est non seulement une obligation légale, mais aussi un levier pour l’innovation et la performance. Des entreprises comme Microsoft ont montré que des produits conçus avec l’aide de personnes handicapées, comme l'Adaptive Controller pour Xbox, peuvent révolutionner le marché. Pourtant, le secteur continue de se priver de talents précieux en raison de préjugés et de manque d’adaptations adéquates.
L’un des principaux obstacles à l’emploi des personnes handicapées dans l’IT est le manque de compétences techniques. Pour y remédier, des initiatives comme Simplon et Déclics Numériques offrent des formations spécialisées. Stéfanie Dubreuil de Simplon souligne : “Nous formons des techniciens du numérique de niveaux bac à bac+3, sans condition de diplôme.” Ces programmes permettent à des milliers de personnes de trouver un emploi dans un secteur en plein essor.
Simplon, par exemple, a formé gratuitement plus de 14 000 personnes depuis sa création en 2013. Ces formations sont basées sur une “pédagogie active” qui consiste à “apprendre en faisant”. Les résultats parlent d’eux-mêmes : 70 % des inscrits trouvent un emploi après avoir obtenu l’un des titres homologués par le ministère du Travail et validés par France Compétences .
Des témoignages comme celui de Katia Dayan, présidente fondatrice des Papillons de Jour, montrent qu'il est possible d’innover en matière d’inclusion. Son entreprise emploie plus de 80 % de salariés en situation de handicap et prouve que la diversité est une force. Katia Dayan rappelle que “Franklin Roosevelt a été président des États-Unis en fauteuil roulant pendant douze ans, et pendant la guerre.” Cela montre bien que le handicap n’est pas un frein à la compétence.
De même, Sopra Steria, avec ses 600+ salariés handicapés, a mis en place des mesures d’adaptation exemplaires pour intégrer ces talents dans ses équipes. Le groupe participe à plus de 50 événements nationaux pour mettre en contact des demandeurs d’emploi en situation de handicap avec des entreprises. Christophe Roth, président de l’Agefiph, confirme que “la technologie rend l’emploi plus accessible. Certains de nos collaborateurs en situation de handicap lourd sont cinq jours par semaine en télétravail grâce aux outils numériques” .
Pour attirer et retenir des talents handicapés, les entreprises doivent adapter leurs processus de recrutement et offrir des environnements de travail inclusifs. Des initiatives comme les “HandiDays” de Sopra Steria ou les “Mardis du handicap” sont des exemples à suivre. Ces événements permettent de sensibiliser les employeurs aux capacités des personnes handicapées et de les encourager à diversifier leurs recrutements.
L’Agefiph propose également des solutions pour compenser tous les handicaps, quel que soit le poste de travail. Des programmes comme “THalent Digital” sont déployés sur l’ensemble du territoire pour développer la formation, l’accompagnement et l’emploi des personnes en situation de handicap. Près de 500 demandeurs d’emploi à bas niveau de qualification ou seniors pourraient ainsi être préparés aux métiers du numérique et bénéficier d’une formation qualifiante avec garantie d’emploi à la clé .
L’inclusion des personnes handicapées dans l’IT n’est pas seulement une question de justice sociale, c’est une opportunité pour le secteur de se renouveler et de se renforcer. Les entreprises doivent prendre des mesures concrètes pour inclure ces talents et profiter pleinement de leur potentiel. En embrassant cette diversité, l’IT peut devenir un modèle de performance et d’innovation inclusives.
Comme le dit si bien Katia Dayan : “La compétence n’a rien à voir avec le handicap. Le handicap n’est pas un frein à la compétence. Les personnes en situation de handicap ont toujours eu des compétences, mais elles ne sont pas mises en lumière.” En rendant ce secteur plus inclusif, nous ouvrons la porte à un avenir où chaque talent peut s’exprimer pleinement, et où l’innovation n’a pas de limites.